Je suis Céline, doula formée et certifiée, signataire de la charte des Doulas de France.
J'ai créé ce blog pour que vous trouviez des ressources pour vous accompagner dans votre période périnatale.
Parfois, une grossesse s’arrête. Brutalement. Silencieusement. Injustement.
Que ce soit à 6 semaines, 10 semaines, ou plus tard, que le cœur ait cessé de battre ou que le développement se soit interrompu sans signe visible, une grossesse arrêtée est un événement profond.
Mais cette réalité reste encore trop peu nommée, entourée de silence, de maladresses, de solitude.
Cet article est une invitation à reconnaître ce vécu, à poser des mots, à comprendre, à ne pas rester seul·e — que l’on soit concerné·e celle qui étaient enceinte, le / la partenaire ou un.e proche.
On parle de grossesse arrêtée quand l’embryon (ou le fœtus) cesse de se développer. Cela peut être détecté :
• Lors d’une échographie de contrôle, quand il n’y a pas d’activité cardiaque.
• Par l’apparition de symptômes (saignements, douleurs), mais parfois sans aucun signe.
• À la suite d’une grossesse qui ne s’est jamais vraiment développée (ex. : œuf clair).
Ce qui rend ces pertes si difficiles à vivre, c’est leur caractère invisible.
Souvent, il n’y a pas d’annonce officielle, pas de rite, pas de reconnaissance extérieure. Et pourtant, en soi, un lien s’était déjà tissé. Une place, une projection, parfois un prénom …
Certaines personnes pensent :
• « Je me sens ridicule de pleurer autant. »
• « Ce n’était que le début, je ne devrais pas en faire toute une histoire. »
• « Je n’ai pas le droit d’en parler, personne ne comprendra. »
Vous avez le droit d’être triste. Vous avez le droit d’avoir mal. Vous avez le droit de vivre ce deuil, quel que soit le terme de la grossesse.
Sur le plan physique, une grossesse arrêtée peut entraîner :
• Un arrêt spontané (fausse couche naturelle)
• Une intervention médicale (médicamenteuse ou chirurgicale)
• Une attente difficile (le “temps que ça parte tout seul”, souvent prescrit, rarement expliqué)
Mais l’aspect émotionnel est tout aussi intense, souvent négligé :
• Un sentiment de vide
• Une culpabilité sourde
• Une colère face à l’injustice ou au corps qui “trahit”
• Une honte d’en parler, d’être “celle/celui à qui ça arrive”
1. DU REPOS, DU VRAI
Votre corps a vécu un bouleversement. Même si « ce n’était pas long », même si « ce n’était pas un accouchement », il a besoin de répit.
2. DE L’ÉCOUTE, SANS CONSEILS
Pas de “c’est mieux maintenant que plus tard”, pas de “au moins tu peux tomber enceinte”, pas de « tu en auras d’autres », ni de « c’est la nature, c’est que ça devait se faire comme ça ». Juste une présence qui vous accueille, sans chercher à réparer quoi que ce soit.
3. DE RECONNAÎTRE CE QUE VOUS AVEZ VÉCU
Il s’est passé quelque chose. Vous avez le droit de lui donner un nom, un sens, une place.
4. DE TEMPS
Pour certaines personnes, le deuil est rapide. Pour d’autres, il revient par vagues. Il n’y a pas de délai à respecter pour “passer à autre chose”.
Voici quelques gestes simples qui peuvent vous soutenir :
• Écrire une lettre à ce bébé qui ne viendra pas, même si cela vous semble étrange.
• Créer un petit rituel : planter une fleur, allumer une bougie, dessiner une forme, dire un mot.
• Parler à quelqu’un de confiance, sans filtre.
• Se faire accompagner pour traverser cette perte avec bienveillance (doula, thérapeute, cercle de parole, groupe de soutien).
On l’oublie souvent, mais le co-parent aussi peut vivre un choc émotionnel.
Moins directement impliqué·e dans le corps, mais profondément touché·e dans le cœur. Il ou elle peut se sentir impuissant·e, en retrait, mis de côté dans le processus de deuil.
Il est soutenant de :
• Créer un espace de parole pour chacun·e
• Ne pas comparer les douleurs
• Partager des mots ou des « rituels », même silencieusement
Quand une amie, une sœur, une collègue ou quelqu’un qu’on aime nous annonce qu’une grossesse s’est arrêtée, nous pouvons être bouleversé·e, maladroit·e, paralysé·e.
Par peur de blesser, nous pouvons en dire trop … ou ne rien dire du tout.
Et pourtant, quelques gestes simples peuvent faire une immense différence. Vous n’avez pas besoin de trouver les bons mots. Vous avez juste besoin d’être présent·e, sincèrement.
• « Je suis là si tu veux parler. Et je suis là aussi si tu ne veux pas. »
• « Je suis désolé·e que tu aies à traverser ça. »
• « Je n’ai pas les mots, mais je pense fort à toi. »
• « Tu peux me dire ce que tu ressens, je ne jugerai pas. »
• « Est-ce que tu veux que je vienne ? Te préparer à manger ? Te laisser tranquille ? »
Laissez la personne choisir. Ne forcez pas le dialogue. Proposez, mais n’imposez rien.
• « C’est que ce n’était pas le bon moment. »
• « Il faut aller de l’avant. », etc.
Ces phrases cherchent à rassurer, mais elles peuvent minimiser la douleur. Elles ferment la porte à l’émotion, au lieu de l’accueillir.
• Envoyer un message court, doux, sans attendre de réponse.
• Laisser un petit plat devant la porte.
• Offrir une bougie, une fleur, un carnet, sans explication — juste une présence.
• Rappeler plus tard. Pas juste les premiers jours.
Parfois, c’est après plusieurs semaines, mois, années que le deuil remonte. Être là dans la durée, sans pression, est un vrai cadeau.
Vous n’êtes pas là pour réparer, ni consoler à tout prix. Vous êtes là pour offrir un espace où la douleur peut exister sans être effacée.
Et parfois, être présent·e, dire « je suis là », écouter un silence, pleurer avec l’autre … c’est déjà immense.
Une grossesse arrêtée n’est pas une parenthèse qu’on referme. C’est un événement marquant, intime, bouleversant.
Vous avez le droit de le vivre à votre manière. De le pleurer. De ne pas passer à autre chose tout de suite. De lui donner une place dans votre histoire. Et si vous êtes un.e proche, vous avez le pouvoir d’accompagner, avec peu de mots, mais beaucoup de présence.
À très vite,
Céline.